Quelques semaines après l’élection de François Hollande à la Présidence de la République, un espoir est né : celui d’une France qui reprendrait ce chemin vers l’égalité interrompu par cinq années de stigmatisations haineuses.

Les premières semaines du quinquennat marquent d’ailleurs un changement d’ambiance dans un pays marqué il y a encore peu par une tension permanente, perceptible par tous et issue de la volonté constamment affichée par le pouvoir précédent de remettre en cause l’égalité entre tous et le droit à la dignité et au respect pour chacun.

La marche vers l’égalité des droits est de nouveau considérée comme une aspiration essentielle à la réalisation de la promesse républicaine.

Mais pour que ce « rêve français » puisse se réaliser, une condition sine qua non doit être remplie : celle de l’existence d’une politique publique de promotion de l’égalité et de la lutte contre les discriminations.

Sur ce plan, la France se situe dans une situation paradoxale : alors que notre pays est traversé depuis des décennies par des débats intenses sur le racisme, l’homophobie et le sexisme et depuis quelques années par des débats spécifiques sur les discriminations qui touchent notamment les personnes d’origine immigrée et domiennes, les femmes et les homosexuels, il se caractérise, au niveau national, par l’absence d’une politique publique de lutte contre les discriminations.

Afin de permettre à chacun de s’épanouir pleinement au sein de notre société, il appartient au Gouvernement de mettre en place cette politique et de combler ce retard français.

La responsabilité du Gouvernement est fondamentale car la lutte contre les discriminations ne peut réussir que si elle est impulsée sans faille au plus haut niveau de l’Etat. Une action qui doit être menée d’une façon d’autant plus déterminée que nous ne sortons pas indemnes de la période qui vient de s’achever et qui aura fait reculer notre pays en matière de promotion de l’égalité.

Pour être suivie d’effet, cette détermination doit s’inscrire dans une logique institutionnelle sans quoi elle se perdrait, fut-elle sincère, dans les méandres du quotidien administratif.

C’est pourquoi nous demandons la création d’un Ministère de l’Egalité des droits et de la lutte contre les discriminations. Non pas un « Ministère gadget » mais un Ministère ambitieux en ce qu’il aura la latitude de travailler sur trois axes fondamentaux de la lutte contre les discriminations :

  • l’exemplarité de l’Etat quant aux pratiques ayant cours en son sein, non seulement parce qu’il est un acteur majeur de la société mais également afin qu’il dispose de l’autorité et de la capacité d’entraînement suffisantes sur les entreprises et les collectivités locales.
  • les réformes législatives dont la portée, précisée à travers une grande loi-cadre, doit être de nature à aller au-delà de l’égalité formelle en faisant reculer de façon effective les pratiques discriminatoires dans l’emploi, le logement et les loisirs, aussi bien au niveau des sphères publique que privée.
  • le travail sur les représentations issues des préjugés, des stéréotypes et des rancœurs léguées par l’Histoire et dont nous savons qu’elles sont un puissant vecteur des pratiques discriminatoires.

En matière d’égalité et pour paraphraser Prévert, le Gouvernement a une tâche exaltante à mener : faire en sorte que nous cessions de dire oui avec la bouche mais non avec la tête.